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Le Monde. France

25 2019

Voyage impressionniste sur la Côte d’Albâtre

D’Etretat à Fécamp en passant par Yport, la Côte d’Albâtre, qui borde la Manche, cultive la mémoire de ses peintres et l’esprit des bains de mer du XIXe siècle. Avec une pointe de modernité.

Au milieu du XIXe siècle, le tourisme prend son essor en Normandie, et les peintres découvrent la Côte d’Albâtre. Merveille géologique, les aiguilles d’Etretat inspirent Camille Corot, Eugène Delacroix, Claude Monet, Gustave Courbet et bien d’autres, qui les immortalisent au coucher du soleil, sous la pluie ou dans la brume. Pour admirer la porte d’Aval et la grande aiguille de près, le chemin des crêtes ou une balade sur l’estran à marée basse s’imposent.

Sculptures végétales aux jardins d’Etretat

Les jardins d’Etretat, perchés sur la falaise d’Amont, offrent un autre panorama prisé. Ouverts au public en 2017, ils se déploient dans l’ancien parc de la villa Roxelane, propriété de Madame Thébault au XIXe siècle. Pour l’aménager, la comédienne s’est inspirée de l’œuvre de son ami Claude Monet, qui a défini l’esprit général des jardins, où il est souvent venu travailler sur sa série de toiles et de croquis Les Falaises d’Etretat.

Dans cet espace précieusement conservé, l’architecte paysagiste Alexandre Grivko a imaginé un dialogue entre sculptures végétales et œuvres d’art contemporain. Une statue en rameaux tressés représente Monet devant son chevalet ; des visages poupins, façonnés dans la résine, se tournent vers le ciel au creux des massifs de buis taillés. Au bout du jardin, une spirale de buis mène à une terrasse en bois, face à la mer et à la grande aiguille. La déambulation, pleine de surprises, se fait au son des toupies en terre cuite accrochées aux branches des frênes, que le vent fait tourner et chanter.

Halte arty au Domaine Saint-Clair-Le Donjon

Dans un parc boisé dominant les falaises, cet hôtel de charme flirte avec l’esprit XIXe siècle. Les 25 chambres sont réparties entre le donjon, un petit château de style anglo-normand, la villa et le tout nouveau cottage-spa, deux bâtiments reprenant les codes de l’architecture balnéaire en brique. Tentures de soie, mobilier chiné, bibelots d’époque : toutes différentes, elles portent le nom d’artistes qui ont marqué la station balnéaire depuis le Second Empire, de Sarah Bernhardt à Maupassant. Ce qui n’empêche pas des touches plus contemporaines, comme les fresques de Jean-Charles de Castelbajac qui ornent la salle de restaurant en bow-window.

Saveurs normandes au Bec au Cauchois

Sur les rives de la Valmont, à 9 km de Fécamp, le jeune chef Pierre Caillet, une étoile au Michelin, tient table dans une demeure cauchoise en brique et colombages du XIXe siècle, assortie d’un potager bio. Sous les poutres de la salle défilent des spécialités normandes revisitées au fil des saisons : ravioles aux radis du jardin et coquillages, méli-mélo de légumes du potager et échine de porc fermier, feuilleté de rhubarbe pochée et sorbet au petit-lait de beurre… En prime, un impressionnant plateau de fromages normands.

Falaises croquées au musée des Pêcheries

Ouvert en 2017 dans une ancienne sécherie de morues, ce musée domine de sa tour de verre le port de Fécamp. Ses collections sont consacrées à la grande pêche et aux traditions cauchoises. Mais on y admire aussi une série de toiles de « peintres des falaises », qui ont croqué à la manière impressionniste les paysages marins et le choc des cultures entre estivants et gens du pays – Claude Monet, Eugène Isabey, Louis Le Poittevin, Jules Noël, Elodie La Villette… Les crinolines côtoient les pêcheurs ravaudant leurs filets et les femmes lavant leur linge aux sources.

Flots de cabines de bain à Yport

Au XIXe siècle, les bains de mer se développent sur la côte normande. La pudeur exige alors que l’on se change à l’abri des regards. Tractées par des chevaux, pour emmener leurs occupants dans l’eau ou alignées le long des plages de galets, les cabines sont à la mode. Au port de poche d’Yport, elles font encore partie de la carte postale. Reconstruites en 2006 et reliées par un chemin de planches, elles arborent des rayures assorties aux falaises, aux marées, aux ciels changeants. Location à l’année pour les habitants ou à la semaine pour les estivants.

Aller à Etretat En voiture, Etretat est à 206 km de Paris via l’A13. De Paris-Saint-Lazare, train jusqu’à Bréauté-Beuzeville et correspondance en bus vers Etretat à partir de 30 € l’aller.

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